Élections/Louis-Hébert : les candidats du Parti Libéral et de la CAQ forcés de se retirer de la course

Coup de théâtre dans Louis-Hébert mercredi. À peine une semaine après le déclenchement de l’élection partielle, les candidats de la Coalition avenir Québec (CAQ) et du Parti libéral du Québec (PLQ) se sont tour à tour retirés en raison d’allégations en matière de harcèlement au travail.

Les électeurs de cette circonscription n’auront pas l’occasion de voter pour Normand Sauvageau de la CAQ et Éric Tétrault du PLQ lors de l’élection complémentaire du 2 octobre prochain.

Ils ont tous deux annoncé le retrait de leur candidature à quelques heures d’intervalle, en fin de journée.

En entrevue exclusive avec Radio-Canada, Éric Tétrault affirme avoir pris sa décision en raison de l’impact qu’a sur sa famille la controverse dont il fait l’objet.

Il est plongé dans la tourmente en raison d’allégations de harcèlement psychologique et d’intimidation datant de l’époque où il était directeur des affaires publiques chez ArcelorMittal.

  1. Tétrault a communiqué avec le cabinet du premier ministre, mais n’a pas parlé directement à Philippe Couillard.

J’ai parlé à mon fils de sept ans vers 16 h 30, aujourd’hui, et j’ai vu que même à un si jeune âge, il encaissait. Et ce ne serait pas drôle pour lui, ni pour ma femme ni pour mon autre jeune fils. Je me suis dit : ”on ne fera pas ça, on va arrêter ça maintenant”.

Éric Tétrault

 

Même s’il s’est montré combatif ces derniers jours et dit être encore « prêt à [se] battre », M. Tétrault a fini par jeter l’éponge. « Le poids sur la famille est vraiment dur à porter, dit-il. Pour eux, ça fait un mois que ça dure, parce que quand je suis arrivé dans la campagne, on avait décidé que j’étais coupable de quelque chose. J’étais coupable par association. »

Éric Tétrault a reconnu avoir mal agi à certaines occasions, avoir été « carré » et « abrasif », mais il a démenti les allégations de harcèlement psychologique et de menaces. Il a souligné qu’ArcelorMittal n’avait retenu aucune plainte contre lui au terme de son enquête. Toutefois, il a constaté que cela ne semblait pas suffisant aux yeux de l’opinion publique.

En 2017, en politique, on demande aux gens de n’avoir jamais rien fait dans leur vie. J’ai bien vu que les gens acceptent plus ou moins ces choses-là aujourd’hui. C’est une autre raison qui m’a incité à me retirer.

Éric Tétrault

Outre les allégations de harcèlement psychologique, Éric Tétrault devait faire face dès le début de la campagne à des attaques sur son intégrité.

Révélée par la commission Charbonneau, sa présence, lors d’un concert de Céline Dion en 2008, dans la loge de Lino Zambito avec l’ex-ministre Nathalie Normandeau a été soulevée.

Celui qui a été interrogé par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) dans le cadre d’une enquête sur le financement politique a dû également préciser qu’il n’avait plus de lien avec l’ex-ministre fédéral Alfonso Gagliano, dont il a été le porte-parole, ni avec l’ex-maire de Terrebonne Jean-Marc Robitaille.

Normand Sauvageau se retire aussi

Cette annonce survient quelques heures à peine après que le candidat de la CAQ, Normand Sauvageau, a également annoncé son retrait de la course.

Radio-Canada a appris que M. Sauvageau a fait l’objet d’une plainte de harcèlement psychologique.

Des employés de la Banque Scotia se seraient plaints de son comportement, alors qu’il était directeur de la succursale de Place Québec. C’est ce qui aurait précipité son départ à la retraite en 2016.

 

Départ difficile

Dans un communiqué, il a admis avoir « omis d’informer les responsables de la Coalition avenir Québec de faits importants entourant [son] départ » à la retraite il y a un an, « après 39 ans de carrière, dans des circonstances difficiles sur le plan des relations de travail ».

  1. Sauvageau a précisé que c’est après l’appel d’un journaliste l’interrogeant sur les circonstances de son départ prématuré à la retraite qu’il a « réalisé à quel point il est essentiel pour un candidat dans une élection de faire preuve de la plus grande transparence ».

Aujourd’hui, je réalise à quel point c’était une erreur. J’aurais dû informer la CAQ de ces événements d’entrée de jeu, plutôt que d’y être contraint par l’appel du journaliste.

Normand Sauvageau

Sur Twitter, le chef de la CAQ, François Legault, a écrit que « c’est tolérance zéro » dans sa formation politique. « J’ai agi dès que j’ai su. Je procéderai à l’annonce d’une nouvelle candidature sous peu », a-t-il ajouté.

Réactions du Parti québécois et de Québec solidaire

Réagissant au retrait des candidats libéral et caquiste, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a demandé au PLQ et à la CAQ d’expliquer « pourquoi ils n’ont pas été en mesure de trouver des candidats méritant le respect des électeurs, alors qu’ils ont eu six mois pour le faire ».

La désignation de ces candidats, puis leur retrait, tout cela doit être vu par les électeurs de Louis-Hébert comme un grave manque de respect envers eux.

Jean-François Lisée

La co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, a qualifié les deux partis de « blanc bonnet, bonnet blanc ».

À force de recruter dans les mêmes milieux, les deux partis se retrouvent avec les mêmes problèmes.

La co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé

« La confiance aveugle de la CAQ et du PLQ envers les hautes sphères du milieu des affaires et leur foi absolue envers les grands patrons et les banquiers les empêchent de voir l’essentiel et de poser les bonnes questions à leurs candidats », a-t-elle déclaré dans un communiqué qui a été envoyé avant l’annonce du retrait de M. Tétrault.

Le scrutin du 2 octobre vise à combler le siège laissé vacant par le départ du député libéral Sam Hamad.

Lors des élections générales d’avril 2014, M. Hamad avait obtenu près de 50 % des voix, devant le candidat de la CAQ (environ 26 %) et celui du Parti québécois (18 %).

Le candidat du Parti québécois est Normand Beauregard et celui de Québec solidaire, Guillaume Boivin.

 

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